J'ai travaillé une couple de mois avec un gars, à Montréal. On va l'appeler Bruce.
Je l'aimais ben Bruce. Il avait ce petit humour ironique que j'apprécie chez les gens. Il criait jamais, même quand il était fâché. Quand il était stressé, on le voyait dans sa face. Fallait pas en rajouter. Fallait le laisser décanter, tout simplement.
Bruce venait de Toronto. Il devait avoir une quarantaine d'années.
Il faisait un bon salaire. Madame Bruce ne travaillait pas, elle était toujours restée à la maison avec Bruce junior, aujourd'hui âgé de 12-13 ans.
Ça faisait 10-15 ans que Bruce et sa famille habitaient au Québec.
Pis Bruce, après 10-15 ans ici, il parlait toujours pas français.
Un jour, dans la voiture, j'ai averti M. Jets:
Moi: J'veux pas que tu deviennes un Bruce.
M. Jets: C'est quoi un Bruce?
Moi: C'est quelqu'un, c'est pas une chose. Bruce c'est un gars avec qui j'ai travaillé. Ça doit faire 15 ans qu'il habite au Québec, pis il parle toujours pas français.
M. Jets: Ben non, je deviendrai pas un Bruce. Je veux l'apprendre le français, tu le sais.
(Pause)
Moi: Pis cet hiver, après 15 ans de mariage, Bruce a laissé sa femme pour une jeune de 25 ans avec qui on travaillait.
M. Jets: Ben là. J'veux être un Bruce!
Moi: Oui, mais Bruce il va s'appercevoir qu'il va en manquer sur sa paye. Il devait faire 150 000 par année. Après la pension et l'impôt, il va probablement lui en rester moins du tiers sur sa paye. Pis elle a gardé le jeep pis la maison.
M. Jets: Pas grave. Bruce c'est mon héro maintenant.
Il est con mon chum. Mais crissement divertissant par contre, je l'avoue.
mardi 10 septembre 2013
mercredi 4 septembre 2013
Quand on n'y peut rien
Mes cours de religion sont loins. Vraiment loins. J'me souviens plus vraiment de quand est-ce que je suis allée à la messe pour la dernière fois. Noël, probablement. Ou c'était peut-être pour les funérailles de la tante de ma mère? Ou de mon grand-père? Je sais plus. Si c'est le cas en tout cas, ça va faire 7 ans cette année.
Bref. Je suis pas ce qu'on peut appeler une croyante. Mon langage coloré parle de lui même. Le p'tit Jésus, personnellement, j'y crois pas trop je pense.
Je dis je pense parce qu'il me vient de temps en temps des relents de Christianisme.
Quand je ne contrôle rien. Quand je ne peux rien y faire. Quand il ne me reste plus qu'à attendre. Je prie.
J'me suis rendue compte que couchée dans mon lit, j'me croise les deux mains (comme si le seul fait de le faire rendait ma prière X fois plus puissante) pis je prie. Je commence habituellement avec une prière officielle. Le Je vous salue Marie. Ou le Notre Père. Ou le Je crois en Dieu. Ce sont les trois seules dont je me rappelle, du temps où je servais la messe le dimanche.
Ensuite, comme je disais, je prie.
Je prie pour ma grand-mère, parce que sincèrement, faudrait que ça finisse. M. Jets dit que je devrais pas dire ça. Mais sincèrement... Pauvre femme. On devrait pas avoir à finir de même. Faible. Fatigué. À regarder le temps passer entre le déjeuner, la sieste du matin, le dîner, la sieste de l'après-midi pis le souper. Ça me fait peur, de voir mes parents comme ça un jour. Que quelqu'un me voit comme ça un jour aussi.
Je prie pour M. Jets. Qui attend des résultats de tests médicaux. Pis j'ai peur. Même s'il me dit qu'il faut pas. J'peux pas le perdre. Pas maintenant. Pas jamais au fond.
Je prie pour Junior. Si y'a ben une seule chose que tu contrôles pas dans la vie, c'est ben ça. Avoir un p'tit être qui grandit dans ton ventre pendant que toi, tant bien que mal, t'essaies de vivre ta vie le plus normalement possible. En t'inquiétant pas trop de tout et de rien. Parce que c'est connu, le stress, c'est pas bon pour le bébé.
Et je prie pour Mlle. Jets. Parce ce que ce serait ben l'fun que qu'elle connaisse son neveu un peu.
Je sais pas si prier sert à quelque chose, au fond. Mais ça me fait du bien. Alors je continue. Parce qu'à part prier, je ne peux rien y faire..
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