lundi 25 février 2013

4 secondes et quart de gloire- ou l'art de se faire peter sa bulle

Depuis 2009 je travaille dans l'industrie du cinéma. En fait plus précisément des effets spéciaux. Des fonds verts. Des explosions. Des bibites en 3D. En fait, quand j'essaie d'expliquer ce que je fais à ma famille, je leur donne toujours en exemple Star Wars.

 "Tsé quand ils se battent avec des sabres aux laser là? Ben le bleu, vert ou rouge qui va par dessus, c'est quelqu'un qui le rajoute par ordinateur."

 "Ohhhhhh. Donc c'est toi qui fait ça."

"Non, c'est pas moi qui le fait."

 "Mais toi tu fais quoi?"

"Moi je fais juste dire quoi faire à la personne qui doit le faire, pis combien de temps elle a pour finir."

"Donc t'es boss?"

 "Non j'suis pas boss."

"Mais tu dis aux autres quoi faire."

"Oui."

"Mais pourquoi c'est toi qui leur dit quoi faire?"

 "Parce que c'est de même. J'suis pas son boss mais je lui dit quoi faire."

Habituellement ça s'arrête là. J'en ai assez dit à mon goût, pis l'autre personne a l'impression de tout connaître du monde des effets spéciaux. Pis habituellement sont ben impressionnés. Pourtant ils devraient pas. J'aime ma job. Mais j'ai compris assez rapidement que t'as beau travailler sur le plus gros film du box office, ça garantit aucunement 1-que tu vas avoir du fun à travailler, 2-que tu vas travailler avec une belle équipe ou 3-que ça va te donner une belle qualité de vie. Pis on se le cachera pas. Je sauve pas des vies. Loin de là.

Un moment donné j'étais devenue amie avec un Allemand qui avait travaillé sur Avatar. Moi j'étais ben impressionnée de ça. 

"Mais t'as été Lead sur Avatar!"

"Meh. Ça ou n'importe quoi d'autre, ça change rien au fond. Quand c'est la merde, c'est la merde."

Ben y'avait raison.

Alors je sais maintenant que l'envergure du projet ne change rien au fond. Ça fera pas de moi une meilleure employée, une meilleure blonde ou une meilleure fille.

N'empêche que.

Dimanche soir, devant les Oscars, avec mon bas de pymaja rose de Winnipeg, ma queue de cheval défaite pis mon bandeau jaune j'me sentais un brin jet set.

Quand ils sont arrivés à la catégorie des meilleurs effets visuels, j'ai retenu mon souffle. Et le film sur lequel j'ai travaillé à Vancouver a gagné.

J'ai crié.

C'était mon 4 secondes et quart de gloire. Jusqu'à ce que je dise à M. Jets:

"Eille, c'est comme si j'avais gagné un Oscar!"

"Y'ont tu nommé ton nom?"

"Ben la, non!"

"T'as pas gagné un Oscar."

 Poc. Bye bye bulle.

 C'est ben vrai. Ça fait que moi, mon bas de pymaja rose de Winnipeg, ma queue de cheval défaite pis mon bandeau jaune on est allé se coucher. 4 secondes et quart, c'est en masse d'émotion jet set pour une soirée. Surtout un dimanche soir.

 Tsé, j'travaille le lendemain.

jeudi 7 février 2013

Starbucks, traditions, dinde & garnotte

Je reviens dans le temps. À cet automne.

M. Jets est un homme de tradition. Dans sa famille, L'Action de Grâce, ça se fête. C'était ma deuxième fois, ma première était à Vancouver l'an dernier.

Donc cette année, le "Minute/Jets Thanksgiving 2012" se déroulait (comme son nom l'indique) chez nous. 20 belles personnes étaient à table ce soir là, entassés dans ma salle à dîner (Dieu merci à aire ouverte parce que les deux tables collées ensemble allaient jusque dans le salon), en train de manger le repas (gigantesque) préparé par Belle-Maman Jets (je tiens a mentionner que tous les desserts étaient de moi quand même). Et comme à tous les traditionnels Thanksgivings, à un moment donné vint le temps d'être reconnaissant. Entre deux bouchées de dinde, on remercie (remercie qui? ça je sais pas) pour tout ce qui est arrivé durant l'année. On est tout à tous reconnaissant pour le souper, la famille, les amis, les parents, les enfants... Parle parle, braille braille, rit rit, jase jase...

Puis en dernier, M. Jets prends parole. Remercie sa famille, ma famille, puis me dit de me lever. Puis il se mets à genou. Disant qu'il voudrait passer sa vie avec moi, il ouvre sa petite boîte et je découvre une bague, ma bague, garnie d'une belle garnotte qui brille.

 Dire qu'en mai 2011 j'allais rencontrer un gars dans un Starbucks. Rien que pour un café. Sans réelles attentes, vraiment. Sans coup de foudre non plus. 3 mois plus tard j'amenais mes souliers chez lui. Un autre 4 mois après, je l'embarquais dans un avion pour qu'il vienne voir ça a l'air de quoi l'est du Canada. 6 mois plus tard, on y démenageait, pis en juillet on passait chez le notaire.

 Ouin. Y'en a qui trouvent ça un peu intense comme année.

Moi je préfère le mot productif. Dans mes oreilles, ça sonne vraiment mieux...